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Sémaglutide (Ozempic) : pendant que l’ANSM alerte sur le mésusage du médicament antidiabétique pour maigrir, la Suisse l’autorise pour l’obésité (spécialité Wegovy)

Swissmedic, l’autorité de réglementation sanitaire suisse a soumis son agrément à un protocole strict en termes d’indication et de prescription au moment où son homologue français, l’ANSM, alerte et met en place un plan de surveillance suite à son détournement comme coupe-faim.

Le sémaglutide, médicament antidiabétique de Novo Nordisk, n’a pas fini de faire parler de lui. Nous avions évoqué dès le mois de décembre le détournement d’usage du médicament, à base de promotion sur les réseaux sociaux, par des influenceurs le conseillant pour perdre du poids, dont Elon Musk vantant ses effets pour lui-même. Le fabricant avait alors déjà donné l’alerte sur des tensions d’approvisionnement à venir, mettant en danger la disponibilité du produit pour les patients diabétiques.

Ces derniers jours, c’est l’ANSM qui met en garde sur le phénomène, ainsi que l’AFP (Agence France Presse), générant des articles en salve par les médias. Nous gardons notre temps d’avance médiatique sur ce sujet en révélant que le sémaglutide vient d’être autorisé précisément contre l’obésité en Suisse, à l’instar d’autres pays.

L’alerte de l’ANSM pour le marché français

L’Agence nationale de sécurité du médicaments vient d’annoncer avoir mis en place un plan de surveillance renforcée d’Ozempic, non commercial du sémaglutide, suite à sa concertation avec la CNAM (Caisse nationale de l’assurance-maladie) et des associations de patients. En pratique, vont désormais être scrutés le ventes et remboursements concernant Ozempic, ainsi que les déclarations d’effets indésirables via les centres régionaux de pharmacovigilance,

L’ANSM a étudié les prescriptions d’Ozempic disponible en France depuis 2019 et révèle qu’entre le 1er octobre 2021 et le 30 septembre 2022, environ 600 000 patients ont reçu un médicament de la classe pharmacologique des analogues du GLP-1 (à laquelle appartient le sémaglutide), dont 215 000 précisément Ozempic. Parmi eux, l’Assurance-maladie a identifié que 2 185 patients n’étaient pas diabétiques, ce qui permet d’estimer le taux de mésusage du médicament à 1 % environ.

Dans son communiqué du 1er mars, l’ANSM déclare : « Le détournement de ce médicament pour perdre du poids a un impact direct sur sa disponibilité pour les patients diabétiques et peut causer, ou accentuer, des tensions d’approvisionnement les privant de ce traitement essentiel », rappelant également que le médicament « peut entraîner des effets indésirables potentiellement graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites et des hypoglycémies ».

Novo Nordisk confirme quant à lui qu’il ne peut pas toujours répondre à la demande, entraînant une « disponibilité intermittente et des ruptures de stock périodiques ».

Une formulation de sémaglutide désormais disponible pour l’obésité en Suisse

Le sémaglutide, débarque chez les helvètes comme médicament contre le surpoids et l’obésité sous le nom commercial de Wegovy dédié à cette indication. Pour rappel, comme nous l’avions détaillé dans notre article de décembre, le sémaglutide mime les effets du GLP-1 (glucagon-like peptide-1), une hormone stimulant la libération d’insuline (qui intervient quand la glycémie augmente). Le principe actgif ralentit également la vidange de l’estomac, ce qui réduit l’appétit et permet de faire perdurer une sensation de satiété.

En Suisse, Wegovy est soumis à prescription médicale, et son indication est limitée aux adultes présentant un indice de masse corporelle (IMC) de plus de 30 (kg/m2) ou bien entre 27 et < 30 si associé à une affection cardiométabolique, comme par exemple une hypertension ou un diabète de type 2. La prescription est conditionnée à un suivi régulier de l’efficacité du traitement, et les mesures hygiéno-diététiques et d’exercice physique, prérequis indispensables.

Wegovy se présente comme Ozempic sous forme de stylo-injecteur prérempli pour administration sous-cutanée hebdomadaire, à la dose cible de 2,4 mg et selon un schéma d’augmentation progressive de la posologie, pour des raisons d’optimisation de la tolérance gastro-intestinale. C’est ainsi que le médicament existe avec 5 dosages différents (une couleur de stylo par dosage) pour faciliter le schéma d’augmentation de dose.

L’objectif ambitionné? une perte de poids de 10 à 15 % en moyenne.

Le coût du traitement revient à 7 euros par jour en Suisse. Si la prescription est possible par les médecins généralistes, pour obtenir son remboursement le patient devra être orienté vers un médecin spécialiste de l’obésité ou un endocrinologue.
Une source d’inquiétude : l’arrêt du traitement permet-elle de conserver le bénéfice de la perte de poids ? Rien n’est moins sûr.

Wegovy est disponible dans d’autres pays, dont la France en « accès précoce »

Disponibles dans différents pays à travers le monde dont les États-Unis, en France le médicament bénéficie d’une autorisation d’accès précoce depuis la mi-2022, avec indication dans l’obésité caractérisée par un IMC d’au moins 40. Récemment, la HAS (Haute autorité de santé) s’est prononcée en décembre pour son autorisation à partir d’une IMC de 35 et seulement en deuxième intention après échec des mesures hygiéno-diététiques. Pour qu’il soit mis sur le marché, il faudra en passer par les étapes de fixation de prix et de remboursement.

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Image d’en-tête : dessin de presse de LeBecq pour Science infuse – tous droits réservés

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